DES VALENTINS PAS SI SAINTS...

Que je vous raconte ma soirée de la Valentin ! Bon oui, un peu en retard,  je l'admets, mais que je vous la raconte quand même, ça vaut la peine ! Jai, en effet, passé la St-Valentin à la fois la plus agréable et la plus pitoyable de toute ma petite existence.  Depuis longtemps, mes 2 frangines, que je surnomme affectueusement mes blondes, et moi avions planifiés un repas de St-Valentin. Au programme, livraison de St-Hubert, déglutinage de tarte aux fraises et visionement de la Fureur spécial Amoureux quétaines, animée pour loccasion par le couple super-connu-parfait-chouchou-cadeau-bonbon Charles Lafortune et Sophie Préjean. Beau programme en perspective, petite soirée tranquille agrémentée dune multitude de niaiseries bref, ça savérait cool.

Jeudi soir, j'étudiais tranquillement quand soudain, jentendis le téléphone retentir. Cétait Mel qui voulait me faire part dune idée : "Jai connu 3 gars sur Internet. Je les ai rencontré en allant jouer aubillard avec les pots de l'école et ils sont super bien. Que dirais-tu qu'on les invite demain ? Jai appelé Dé et elle est daccord. " Um! um!... déjà que Mel avait rencontré ces joyeux gaillards sur Internet me semblait douteux. Mais bon, ils étaient 3, on était 3, tous célibataires à la recherche désespérée de lâme soeur, c'était l'occasion rêvée de jouer une partie de "Coup de foudre" improvisée et de peut-être créer 3 petits couples parfaits qui s'envoleraient vers le sud de la vie, sur les ailes de l'amour. WOW belle soirée en perspective... Donc, j'acquiesce, nerveuse mais contente.

Le lendemain donc, après mon cours de chant, je me dirige vers la maisonnette de Mel le coeur noué par le stress, surexcitée de peut-être rencontrer l'homme de ma vie, mais aussi apeurée à l'idée de rencontrer l'homme de ma mort... Mel est toute pimpante et Dé aussi, la soirée s'annonce bien. On appelle pour commander le resto et on se fait dire par la Madmazelle qu'il y a une heure de délai. On pique une crise à la blague et on rit beaucoup tout en imaginant divers scénarios saugrenus ; la soirée est bien partie... Le resto arrive finalement 45 minutes plus tard, on bouffe,  c'est foutrement bon et encore une fois, je m'empiffre de poulet, de frites et de sauce comme la pire des cochonnes québécoises qui n'aurait pas mangé depuis 3 jours. Cest bon, je peux pas résister...

Après le repas, la Fureur commence tout juste. On l'écoute à demi concentré car Patrice, l'un des 3 mecs, est supposé rappeler Mel d'une minute à l'autre et la minute commence à se transformer en heure. Dé et moi n'arrêtons pas d'être ironiques au sujet des gars, au grand désespoir de Mel qui s'efforce de nous dire que oui, ils sont bien, beaux, cultivés, tralali, tralalou, bref les gosses parfaits ! On est super speedées (cause du stress) et on profite de l'apparition de Marilou à l'écran pour livrer une prestation du tonnerre sur lair de "Je serai là pour toi" ; cétait à vouloir rendre un aveugle sourd, c'est vous dire !

Après la semi-écoute de la Fureur, le Patrice en question se décide à rappeler enfin et nous précise quils s'en viennent de Neufchâtel et qu'ils seront là dans 15 minutes. Dé et moi tremblons presque, on est au comble de la nervosité, mais on décide quand même de manger nos tartelettes, délicieusement préparées par Meuman à l'occasion de la fête rouge. Comme d'habitude, elles sont bonnes, feuilletées, croustillantes, minces, écoeuramment délicieuses, magistral bref, elles contiennent plus de qualités que de fraises... Après s'être de nouveau fait volontairement engraisser de 5 livres, on sassoit dans le salon, dans l'attente pus endurable des 3 boys.

Ding dong! "AAAAAAAH ! " de s'écrier Dé et moi, dans un trop-plein de nervosité. Mel, plus calme qu'un poster de Lara Fabian, va répondre à pas nonchalants. Eh ben ça rentre dans la maison, ces 3 affaires-là. Je ne sais pas si j'ai eu un mauvais pressentiment, mais on dirait que dès que j'ai entendu leur voix, j'ai démissionné. Les 3 dadais décident alors, même pas une minute après être entrés, de s'allumer tous 3 une clope dans la maison, sans avoir demandé la permission à Mel. De plus, celle-ci a lair de sen foutre éperdument. La cigouille au bec, les 3 Ti-Pères décident de s'écraser le popotin sur les fauteuils de Mel. Pardonnez-moi mes erreurs à la Boum Desjardins, mais le plus pire de la bande décide de venir s'écraser juste à droite de Dé et moi, assises sur un sofa commun. Oh boy, la soirée s'annonce ardue...

Mel, la zapette à la main, change de canal à la vitesse d'un avion chargé de bombes en direction de l'Irak et atterrit au désormais célèbre canal 30, MusiquePlus. L'émission Karaoclip commence justement. Je gémis en disant que je veux l'écouter car je ne l'ai jamais fait et Ludovic le comique renchérit en me disant, et je vous passe les blasphèmes, : "Cest rien que des grosses toutounes laides qui vont chanter là. " Lui, il est déjà sur ma blacklist et il ma à peine dit une phrase. Les deux autres l'accompagnent dans sa farce ridicule et tous 3 se mettent aussitôt à parler de beuveries abondantes dans une quelconque discothèque de la Grande Allée et de parties de Ça-Va-Ça-Vient mémorables. OK, les deux autres sont maintenant aussi sur ma blacklist. Mon Père, quai-je dont fait pour mériter pareil sort ?

A ce moment, je me dis que je n'ai plus rien à prouver et que je peux commencer à leur répondre quand ils disent des conneries, ce qui n'est pas rare du tout. Ludovic, tâchant dêtre aimable, nous demande ce quon fait de notre vie. "On va au cégep", quon rétorque. "Ah moi j'va pas là, le cégep !" Je vais dire comme Dé : "C'était la phrase à ne pas me dire. " Quil n'aille pas au cégep, je men fous, mais quil juge de la sorte ceux qui y vont, ben ça passera pas bonhomme, tu connais pas matante Shilvi. Ludovic le cynique se met alors à nous raconter sa palpitante carrière de chauffeur et nous dit que dans 4 ans, il fera plus que sa mère, blablablabla... Et en plus, il ne respecte pas sa mouman ? Oh là matante Shilvi est pas trop daccord et attend loccasion rêvée pour te lancer une craque, mon ami.

Ce moment arrive quand Dé me demande si jai commencé le travail sur Baudelaire quon a à faire en français. Dépitée, je lui réponds : "Ah parle-moi en... Il y a un poème assez dégueulasse là-dedans ! Ça sappelle "Une charogne" et il décrit un mort en décomposition avancée en détails, cest écurant !" Ludovic sur qui j'ai pus de kick me demande alors, de sa voix d'apprenti-bum : "Hein ? Quoi ça?" Oh la belle question ; c'est matante Shilvi qui répond!!! "Ah non laisse faire, cest trop cégepien pour toi." Oh yes parle-moi de ça Shilvi, je suis fière de toi! Ludovic pus d'répliques a l'air contrarié  et tout ce qu'il trouve à dire c"est : "Ben là là..." traînant.

Carrément à boute au bout d'une heure d'intenses souffrances dues au contact prolongé avec des gens dont le QI est inférieur à celui d'une canne de pois verts, Dé et moi décidons d'appeler maman et je lui dis dun air grave : "Viens nous chercher, ça urge ! " Et telle une superwoman qu'aurait encore ses jambes, Meuman arrive en volant dans son black car ! Dé et moi s'habillons en vitesse en ne prenant pas le temps de saluer les 3 Ticlins qui ont l'air ahuris. Ah enfin, cette soirée est finie !

Mais quand j'y repense, je regrette d'avoir laissé Mel seule avec ses 3 andouilles, quelle a pourtant l'air d'aimer puisque pas plus tard que le lendemain, elle retournait jouer au billard avec eux... En tout cas, si elle se pogne un des 3, cest mieux d'être celui que jai surnommé La Ptite Voix car sinon... sinon rien tant qu'ils ne viennent  pas à nos vendredis soirs entre blondes !